Retour à la vie terrestre


Atterrissage réussi, dimanche 19/07 à 18h!

Philippe, sa femme Caro et leur ti bout d'un an, Charles, des bons amis d'Alain sont venus à notre rencontre sur leur très bon canot, à qq miles de l'entrée de chenal de Port Camargue, et pour nous servir de guide, heureusement, c'était impressionnat le nombre de bateaux sur le plan d'eau.

Les côtes sont construites, la Grande Motte sur notre babord, construction des années 70 ressemblant à des dominos géants prêt à s'effondrer...puis le Gros du Roi, construction plus modeste, Port Camargue dont l'entrée de chenal est balisée, à éviter une cardinal nord signalant des hauts fonds à l'entrée, puis la plage Sud sur notre tribord, longue étendue de sable marron.

Tel un périph aux heures de pointe, nous sommes une 50aine de bateaux en approche du chenal! cause Port Camargue est le plus grand port de plaisance d'europe (5000 bateaux!)....bref c le bordel, car la passe n'est pas large...des canots moteurs pilotés par des bidochons font une queue de poisson au voilier à 2 m sur notre babord, et le touche, on ralentit pour ne pas percuter le voilier devant nous, mais pas trop pour ne pas se faire emboutir par le voilier derrière...quel stress!
La place d'Ajimé est au fond de cette toile d'araignée de quais, et nous amarrons sans soucis notre valeureux bateau à 18h

Position : N43°31' - E4°08'
4538 miles de parcouru
56 jours de périple dont 45j en mer
plus de 300h de moteur d'effectuer sur la totalité
pêche : 2 poissons - 2 oiseaux


le soir fut bien arrosé avec un comité d'accueil qui nous attendait, et ces 2 jours sont consacrés au nettoyage, dessalage du bateau, avant un rapatriement ds ma bretagne milieu de semaine
fin de l'aventure..avant la prochaine!

Port Camargue a 12miles

ici Ajimé qui file à 6/7 nds au portant, avec des surf à 8/9nds, voile en ciseau, cap sur Port Camargue! quel beau final après 48h de nav chaotique, au moteur, houle croisée et vent changeant de face...donc arrivée d'ici 2h, soit à 18h (heure métropole)!!

La nav d'hier fut ....la même qu'avant hier,houle débile,croisée et hachée entre les creux de 2 m. Passage du cap Creux à 22h (UTC), puis affalage des voiles car vent peu établi, tendance au nord. Envoi du génois vers 23h, mais grosse rafale donc nav de nuit avec un mouchoir de poche en voile d'avant et moteur bas régime.Vent du nord force 4- mer agitée
Le capitaine a fait le quart de toute la nuit, savourant cette dernièrenuit de nav, et attendant la bascule au NW 20nds. Tof et moi l'avons accompagnés jusqu'au milieu de la nuit, à siroter du rhum vieux tous les 3.Un vent de spleen nous a envahit...ça y est, cette belle aventure humaine prend fin...mais une nouvelle va commencer à terre!Après avoir libéré la bannette pour que mon cap'tain préféré puisse se reposer, j'ai pris mon quart à 4h (UTC), avec un levé de soleil sous un ciel totalement découvert, laissant apparaitre la mer un tantinet furieuse avec ses moutons - houle de + de 2m, toujours sous moteur, avec le génois de poche.
Adonnante du vent au NW, je grappille qq degrés (Ajimé filait plutôt surMArseille), la mer se calme un peu. Donc, dès que notre maitre boulangerTof se lève,nous envoyons en tenu de combat (encore une mer formée) la GVavec 2 ris et génois avec pls tours au milieu d'une 20taine de bateau typePogo, en régate, sous spi, deboulant à fond sur notre babord.(je suis sûr qu'ils n'ont pas pulvérisés le record de l'Henderson de 18nds sous spi hihi)
Perkins est stoppé, après 48h de bon service sans broncher (bon on ne le poussait pas non plus ds ses tours).Yaouuu Ajimé file a 6/7 nds, vent basculant au SW, donc génois tangoné,ris lâché,voile en ciseau...le bonheur
c presque la fin de cette formidable aventure marine...merci au capitaine, un grand marin, généreux, humble, humain...et à Tof, bonformateur et grand marin également! Au fidèle Ajimé, bateau robuste et merci à ma bonne étoile
bisous du sud
la prochaine étape, rapatriement dans ma bretagne natale!

La mer n'est pas nette, elle est vague

Haaaa les joies de la Méditerranée….
Le 17/07 fin après-midi fut pénible, balloté par une houle croisée, voir débile, sous moteur, car on s’est retrouvé en plein milieu d’une zone de non vent, coincé entre une dépression à l’est avec houle et vent du SE, et le ventde la Tramontane (vent des côtes) de NW…bref une vraie machine à laver notre ajimé ! Donc l’option est cap sur la costa brava, pour éviter cette houle(enfin le choix n’est pas fameux, au large dépression, et parfois le vent se réveille de face…va comprendre !)
La mer n’est pas nette, elle est vague ;-) « Coluche »

Début de soirée, je prends le quart de 20H UTC, toujours à tenter de se rapprocher de la côte à 3,5nds sous moteur.Coucher de soleil magnifique, les rayons illuminant le ciel déchiré de nuages,un festival de couleurs…je ne m’en lasse pas des couchers de notre astre bienfaiteur! Le vent se lève, Je tente l’envoi du génois, babord amure, prés serrés, vent ESE…ça porte, toujours un peu appuyé sous moteur, je frise les6nds, et avec plus de vitesse, ajimé se porte mieux sur cette houle. Donc je vais pour réduire encore le moteur, erreur, Ajimé plante de suite sur la vague,et j’inonde le cokpit et moi avec ! Merdum !
J’aperçois Barcelone avec sa tâche lumineuse à l’horizon…Mais au bout d’une heure à peine le vent tombe, j’enroule le génois, puis le vent bascule au NW,je ressors le génois sur l’autre amure mais ça forcit...enrouler le génois un peu ou abatre? j'abbat de qq degrés…puis ça tombe, j’enroule, ça revient,ESE de travers…haaaaa mais c infernale la Méditerranée ! Encore 2 changements comme ça et Eole, content de lui-même je suppose est parti se coucher…me laissant sous moteur, houles croisées forcément, mais moins forte à l’approche de la côte. Donc je teste, +10° sur mon cap, non, Ajimé tape trop, -5°, mieux mais ma vitesse diminue…bref mon quart à duré 5h, vu que la relève (Alain) était malade…un bonheur de retrouver ma bannette ;-)

La connerie du jour : la pompe d’eau est restée enclenchée (2 tanks eau douce de100l et 150l), relié à 2 pompes, l'une s’actionnant avec une pompe à pied, l’autre avec la pompe auto, et le robinet de la salle d'eau ouvert (un travail d’équipe)bref, plus de 100l d’eau douce dans les cales avant de s’en rendre compte !heureusement que ça ne soit pas arrivé en traversée…bref, Titof et moi-même écoponsavec la formidable houle de la Méd, à essayer de ne pas en foutre partout(forcément les pompes de calessont hs)

Petit cours sur le regime des vents de la Mediterranee

Dicton du coin, « soit t’es à la cap, soit t’es au moteur ! » sous entendu soit c la baston, soit c le calme plat ! car la Méditerranée est réputée pour lasoudaineté et la violence de ses coups de vent.

Ici, les contrastes thermiques très forts avec les terres environnantes, surchauffées en été, et la présence de nombreuses montagnes élevées en arrièreplan sont les 2 facteurs essentiels qui déterminent les types de temps très divers.
-Mistral « du latin magister pour magistral ou vent maître » en Provence etcôtes d’Azur
-La tramontane « au-delà des monts » en Languedoc – Nord à Nord-Est- Les massifs montagneux qui entourent le bassin transforment l’air froid en airchaud (effet de foehn*), de véritables couloirs laissent l’air froid pénétrersur la mer avec autant de violence que d’instabilité et sont à l’origine decoups de vents localisés.
-Vent Marin Sud-Sud-Est ou SE sur les côtes du Languedoc-Roussillon où il est àl’envers de la tramontane. (violent et dangereux par la houle qu’il lève. L’effet de foehn*(à vos dico, c long à expliquer)qu’il génère sur les versants sous le vent favorise l’établissement de l’Autan
-L’Autan, vent de SE chaud et violent qui balaie le Haut-Languedoc
-Le Marin survient en zone intérieure des perturbations traversant le golfe duLion vers l’est ou NE.Sur celui-ci, les redoutables Coup de Vent Est ont lamême origine, avec une naissance des perturbations aux Baléares.
-Le Libeccio, doux et parfois violent, s’établit de SO à Ouest, sur la Corse et la mer de Ligurie. Souvent violent au Nord de Bastia, la tempête d’Ouest peut sévir aussi bien dans les bouches de Bonifacio-Le Sirocco, SudEst à sud, brûlant et chargé de sable d’Afrique-Le grégal « vent grec » vent de NE est généré en automne sur la méditerranée occidentale par des hautes pressions sur l’europe centrale-Enfin, le Levant est le vent d’Est au large de la Côte d’Azur.

A tout ça, on peut ajouter le Bora, vent de NO froid et brutal soufflant surl’Adriatique, pouvant renforcer le Grégal, le Gharbi, vent de Sud-Est sechargeant de poussière au Sahara et Maroc avant de la décharger en pluiesrouges de l’autre côté de la Méd., le Vendavales, vent du Sud du Maroc, ainsique le Levanter, vent ENE dans le détroit de gibraltar, provoqué par des hautespressions sur la Méd. Et des basses presions sur le Maghreb, pouvant rendrepénible l’entrée ds le détroit…

Bref le casse-têtes à étudier la météo…je vous rassure, nous on se contente dela Tramontane, qui va nous arriver dessus en fin de semaine, le Mistral ou leMarin pas prévu aux dernières nouvelles.

entre les baleares et port camargue

236 miles avant Port Camargue

Ici Ajimé qui peine à avancer entre les baléares et barcelone
Position N 40°09 – E 01°23’ – distance parcourue 4289 miles – reste 236 miles en route directe to port camargue

Après l’appareillage de Estepona, le 12/07 à 13h (UTC) , nous avons fait cap au 84° sur Almérimar pour escale gasoil et vidange du moteur. Parti sous un SE poussif force 2 (légère brise) au travers-bon plein sur une mer calme, eole a déserté nous laissant d’autre choix que le fidèle perkins ! décidemment, jusqu’au bout le vent fera défault.

Arrivée à Almérimar, sur la costa tropical, à 18h UTC le 13/07 (soit 20h heure métropole)
N36°42’ – W2°48’ dans une marina bien équipée, encerclée de résidences désertes..mais où sont les gens ? c la saison pourtant…

Le 14/07 Amarres larguées après avoir refait une santé à notre moteur, un peu tard pour toucher le vent d’une dépression annoncée WSW, dont on touchera que la queue, et les grains. Vent force 6, mer forte, cap au large à 25 miles des côtes-grand largue/travers pour passer le cap Gatta-vitesse 6/7nds , puis le vent bascule au sud, houle par l’arrière donc génois tangoné…surf à 9/10 nds yaouuu
Soirée du 14 juillet fut illuminée des feux des cargos, de l’immeuble flottant au piti bateau de pêche, (nous sommes au niveaux du rail descargos du cap Gatta) et d’un incendie impressionnant sur les crêtes de Carboneras (quel ironie)

Le 15/07…forcément, ça n’a pas duré…Perkins reprend du service, sous un grand soleil, petite brise, cap 40°, se rapprochant des côtes pour route directe sur port camargue, décidant de ne pas faire escale au baléares (météo annoncé pas trop favorable car grosse dépression en fin de semaine, un coup de tramontane apparemment de 30/40 nds entre les baléares et port camargue ; et Anne-Claire a annoncé une arrivée dimanche 19/07 avec un comité d’accueil)
On longe la costa calida avec un vent du sud –
position à 12h UTC N37°21’–W 00°40’ –
4080 miles parcouru – position à 15 miles du prochain cap, le cap Palos, puis cap Nao.
Eole sort de sa sieste en milieu d’ap-midi, vent ENE force 5, prés serrés. Le soleil est écrasant, je cherche l’ombre…pas facile au zénith ;-) la vie à bord ne change pas, l’arrivée d’Anne-Claire n’ayant rien modifié vu qu’elle est là en tant qu’observatrice. Donc quart identique, je suis toujours déléguée à la cuisine (en tant que gourmande), aux manœuvres forcément, et j’étudie le permis hauturier donc applique mes leçons sur la carte (plus simple que celle de l’atlantique, échelle plus petite :estimation, cap à suivre, dérive…) mais j’avoue être beaucoup moins motivée, être si près de l’arrivée peut être ? d’ailleurs tout l’équipage est dans le même esprit, depuis le passage de gibraltar, ils nous tardentd’arrivée.

Le 16/07 Passage du cap Nao à 10h UTC, cap au 356° pour s’en dégager.
Lanuit fut…au moteur..rrrrr car le vent d’Est attendu n’est jamais venu !
Champagne ce midi : d’une le cap Nao est enfin franchi, dernière ligne droite avant port camargue (quoique si météo changeante, on devra s’abriter au cap Creux) et franchissement du méridien de Greenwich cette nuit.
Position : N38°43’ – E00°19’ – 4185 miles de parcouru
Vent ENE (annoncé ESE) force 4 jolie brise – prés serrés GV+ génois avec pls tours enroulés – cap 45° - 6/7 nds de moyenne….ordre du cap’tain, sila vitesse d’Ajimé passe sous les 5 nds, on met le moteur pour appuyer car on a un horaire a respecté..sic…puis bascule du vent à l’ESE, enfin, donc portant.

Le 17/07 : Mi chemin entre les Baléares et Barcelona. Nuit pénible car rouleur (au portant, la gv ne peut être ouverte au maximum, ce qui stabilise le bateau cause fausses-bastaques qui gènent). J’ai pris mon quart à 3h UTC et les autres loulous ne m’ont pas laissés de vent ! donc moteur…puis le vent se lève…mais de face (ENE au lieu de WSW) Haaa les mystères de la météo…après étude des fichiers grib, on établi une stratégie pour prendre le bon vent, éviter les grosses dépressions (dès qu’il y a 20 nds annoncés en méditerranée, la mer devient vite grosse)…et là, un vent de face survient 24h en avance..merdum ! Obligé de changer de cap …l’arrivée était prévu dimanche midi, mais là ce matin ça change la donne…sous moteur on dépasse à peine les 3 nds, houle de face. Je commence à être fatiguée cause mauvais sommeil (je n’ai plus de couchette attitrée, l’ayant laissé à anne-claire) et un peu irritée de éole qui ne nous donne pas de vent ou qui change d’avis sans nous prévenir(peu de signe annonciateur) mais c le jeu ma pauv’ lucette!!!

Aux portes des pilliers d’Hercules : Gibraltar, nous voilà

Le 9/07, au petit matin, me voilà à 15 miles du cap portugais Sao Vincente
Vent WNW poussif/légère brise force 3- mer calme –ça change des dernières heures– soleil –pas un nuage !– Ajimé sort toute sa garde robe, gv + génois tangoné - N36°49’ – W 8°45’
C fou, cette nav de 10 jours m’a paru beaucoup plus longue que les 26jours de transat…peut être à cause des 70h de moteur…

Nous sommes trop loin des côtes pour que le réseau passe…donc cap au 95° pour s’en rapprocher….et la connexion fut ! donc coup de tel rapide pour rassurer les proches..prendre la météo : oula faut se dépêcher : le vent va basculer à l’est le 11, ce qui nous rendra impossible de passer Gibraltar, donc on modifie le cap, pleine balle au 118° sur Trafalgar (côtes espagnol, à l’entrée de Gib) appuyé au moteur.

Et diagnostic de l’irridium par le technicien est sans appel : carte sim HS, mais la seconde du cap’tain qui nous rejoint à Gibraltar pour finir le trajet avec nous jusqu’à Port camargue , nous apporte une carte sim de rechange (je suis ravie pour notre cap’tain, sa douce a été un peu échaudé lors de leur transat allé et n’a pas remis les pieds sur un canot, enfin n’a pas eu l’occasion surtout, vu qu’Ajimé est depuis 15 mois à StMartin, attendant sagement son retour au bercail)

Le 10/07 – cap au 118° sur Capo trafalgar, puis sur Isla de Tarifa
N36°14’ W6°15’ – mer calme – Vent SE force 3 – allure bon plein
3758 miles de parcouru

On compte sabrer le champagne à minuit, lorsque nous serons officiellement en méditerranée, après avoir bravé la marée, les rails de cargos, les pêcheurs…Donc on fait des points sur la carte toutes les heures...pour éviter les hauts fonds..toujours l’angoisse du marin à être aussi près des côtes
Le vent tombe en milieu de journée donc moteur pour les derniers miles, car – de 3 nds sous voile…et nous avons un détroit à passer !

Passage à 15h UTC à – de 3 miles de Capo de trafalgar – Piedra de las Animas – c émouvant d’apercevoir la côte espagnol, sous son voile de brume de chaleur, et de deviner celle du maroc toute proche, en face. Soleil soleil…que calor !

18H30 UTC N35°58’’ – W 05°42’’ – Ajimé trace gentiment son sillon à 2 miles des côtes, à 5 miles du cap Tarifa – mer calme, presque sans une rides, à 7/8 nds au moteur ! (à 1400/tours/mn) lorsque soudain….remous subis (annoncé plus loin sur notre carte), déferlante, mer complètement hachée et énervée, inondation de la cabine avant car dans notre euphorie nous avons oublié de fermer le capot avant….En qq minutes, après avoir abatu de plusieurs degrés, nous sortons de là.
Tout est calme….mais on croise des cargos dans le rail inverse (route à suivre pour les cargos) d’un peu trop près…erreur d’appréciation, on a confondu la côte marocaine avec l’espagnol… ! faut faire des points tous les 1/4h …Donc on rectifie la route…à nouveau remous qui ne durent pas…
La marée est descendante (méditerranée qui se déverse dans l’atlantique) mais au vu de la force de celui-ci (plus haut de 3 cm) Ajimé n’est pas trop ralenti, 8 nds au moteur
Visibilité réduite, une brume plus persistante envahit les côtes

3794 miles à 19h30 UTC N35°59’’ W05°36’’....Le phare de Tarifa est franchi, nous sommes officiellement en Méditerranée…champagne !! et nous sommes très étonné de la facilité avec laquelle nous franchissons ce détroit...mais n'osons pas le dire, de peur que les divinités se déchainent

22h00 UTC Nous passons devant le célèbre rocher de Gibraltar, que nous devinons à travers la nuit qui s’installe
Gibraltar, au carrefour de 2 mers et de 2 continents occupe une position unique à la porte de la Méditerranée, ce qui lui donne une importance disproportionnée par rapport à sa taille et sa population modeste. La péninsule ne fait que 4 km de long et à peine 1,5km de large, les côtes plongeant à pic d’une altitude de 427m jusqu’au niveau de la mer.

Arrivée à 2H30 UTC à Estepona, petite marina espagnol à 25 miles de Gibraltar (côte du SE de la costa del Sol) assez sympathique et pas trop dur d’approche de nuit, pour récupérer la seconde en chef, Anne-Claire, qui nous attends depuis la vieille.
J'avoue que je suis un peu déçue...le passage du détroit fut d'une facilité déconcertante en à peine 4h,au grand soulagement du capitaine qui avait trempé ses barres de flêche au dernier passage...alors et ce mini Cap Horn!! même pas peur


Le 11, nous bichonons Ajimé le matin, et partons nous balader dans la vieille ville, en fête cause féria.
Je savoure ma pinte de guiness pression, mange des tapas…la vie est belle !
Le 12, nous allons appareiller cap sur Almerima, nav semi-côtière, puis les baléares.
Arrivée prévu dimanche 19/07 à Port Camragues!

Cap sur Gibraltar, le mini Cap Horn

Parti depuis le 1 au soir, 1 semaine de navigation pénible….cap au 90° sur Sao Vincente (pointe Sud Ouest du Portugal) : 677 miles à tracer.

Après un départ fulgurant cause dépression annoncée WSW, Ajimé a avalé les miles sous 30 nds de vents, mer formée par 3m de houle, …pendant à peine 24h !
Puis s’est enchainé 4 jours mornes , alternant moteur , appuyés sous voiles, et GV + génois : 80 miles en moyenne par jour, sous un ciel lourd, couvert…c pas la grosse patate à bord …
La seule distraction fut d’apercevoir un banc de cachalots, à qq miles de l’étrave, et de sauver un oiseau, qui s’est pris le rapala de notre fil de traine dans le derrière…le c…

Donc je lis…j’avale 1 essai (Passagère du silence de Fabienne Verdier « je suis de ces qq derniers peintres à croire encore avec ferveur à la transmission des puissances de l’esprit en un coup de pinceau »), 2 romans loufoques, je potasse assidûment les Glénans (bible des marins) , surtout le chapitre météos (à défaut de la recevoir), relis un roman de Kundera (l’insoutenables légèreté de l’être), re-potasse « réglage du voilier », médites sur le tout, et sur notre mer, un tantinet agitée pour aller à mon poste d’observation favori, l’étrave….

tandis que titof nous fait des pains maisons, des gâteaux, bref entretient son moral et notre ligne ! et mon gentil capitaine bulle, fait des mots croisés, médites sur les éléments…

Le 5, enfin ça se réveille ! enfin quoique…60 h de cumulé depuis le départ de Sao Miguel…mais c énorme !
N 37° 26’ – W 17°06’ – 115 miles parcouru ce jour !! Vent bascule au NE, force 3 « petite brise », prés serrés – babord amur - houle du nord, longue respiration de l’atlantique
A étudier la météo (direction et force du vent et houle, observation des nuages, baromètre..) une hypothèse est émise : une dépression se serait formé sur Madères, (au sud, vent d’ouest en est+cumulus) et nous sortirait de notre torpeur par du vent ENE (tête de la dep, vent tournant dans le sens inverse de l’horloge)
Vent ENE faiblit le matin…rrrrrr –Perkins prend le relais, vitesse poussive à 3-4 nds…mince je pensais que c’était reparti ! et toujours ciel couvert, aucun signe des rayons du soleil du soleil (ou très peu), ni de la lune, ni des étoiles, même pas des dauphins…..je me sens un peu seule là

Le 6 : Vent adonnant Est , mer agitée, GV+génois plein, prés serrés, cap 130°, vitesses3-4 nds
Position N37°04’-W15°204 Distance parcouru 3300 miles
Le ciel se dégage, 1er coucher de soleil avec un bal de dauphins en chasse, la carte postale…le cœur se réchauffe ;-) Zounie (lune en cachemirien) m’accompagne, et brille d’une telle intensité que l’océan sort de ses ténèbres et me laisse enfin, voir plus loin que le bout de l’étrave !

« Son âme prend la forme d’une mince faucille,
Pour tisser peu à peu un éventail tout rond.
Quand sa mince silhouette s’épanouit, devient pleine,
Presque partout, les hommes lèvent les yeux vers elle"
Xua Tao

Le 8 juillet – depuis hier, mer et vent forcissent : Vent Nord, force 5/6 – bonne brise à frais – houle du nord 2 à 3m – mer forte – temps couvert – cap au 91° - Allure au près bon plein/travers
Position : N36°49’ – W 11°23’ – vitesse d’Ajimé 6/8 nds – 3500miles de parcouru
Ca se renforce, déferlante de + de 4m, début d’inondation dans le carré, sur mon lit...
Mais le spectacle est magique, l’une des plus belles mers , sous un grand soleil, elle est rugissante ! les voiles sont amenés au plus petits de leur toile, ça va durer 30h de brassage intensif, des déferlantes recouvrant le cokpit. Et je suis heureuse, encore plus saisissant de nuit, la beauté de ses vagues, les nuages si proches de la mer dont les ombres dansent avec la lune.
« Assis, je contemple, au-delà, de souverains silences. Dans cette paix profonde, j’abîme ma pensée » -Leopardi

Les Azores dans mon sillage, Cap sur Gibraltar

Ola amigos ! !et oui ça fait un moment....vous allez bien tous?

Entre 2 mondes je suis, terrienne, céleste…tellement ailleurs que j’ai trouvé le moyen de bloquer l’iiridium(téléphone satellite permettant d’être connecté au monde) avec 3 faux codes, au moment d’appareiller de Sao Miguel, mercredi 1 à 19h…ayant une bonne fenêtre météo pour partir, le capitaine décida donc de larguer quand même les amarres. Un téléphone satellite peut être débloqué au milieu d’atlantique…c’était sans compter que lui aussi a utilisé les mauvais codes pour le débloquer au bout de 24h (mauvais code PUK) et Ajimé parti sur sa lancée , pas de retour au port envisageable
donc là notre seul moyen de communication nous indique de contacter l’opérateur…rrrrr….donc obligé d’être près des côtes portugaises pour le faire, pour avoir du réseau sur le tel portable, soit une semaine à 10 jours d’attente…désolée tout le monde , c nul je sais … et donc forcément pas de météo à bord…

Mon dernier mail indiquait cap sur Horta…arrivée à Horta, escale névralgique de la transat retour le 24/07 , position N 38°31’ - W 28°37’
Ce port mythique a apparemment perdu de son charme légendaire, le Peter’s bar ressemblant plus à un bar à touriste qu’à la légendaire taverne…d’autres bars aux abords aussi sympathiques et plus typiques nous accueillent, bières à flot.
Le charme se retrouve sur les quais bariolés des peintures des navigateurs de passage … tant de marins de touts horizons et de tout temps se sont croisés ici…
c ça la particularité d’Horta, des rencontres toutes azimut, de ceux voyageant en vagabond des mers tel Moitessier (sans électronique comme un ami Alphonso), d’autres suréquipés, certains préférant le cata,d’autres le mono, en famille (bruno et sa tite famille) en solitaire (Didier et Laurent) …
Et moi avec tout ce petit monde à se retrouver à des grandes tablées d’une vingtaine chaque soir, et à finir aux aurores…mais c un piège sentimental également, on s’attache plus facilement au gens, formant une grande famille, et les adieux sont plus difficiles ...mais c les aléas du voyage..et la richesse aussi! je pense surtout à la tite tribu qui m’accompagne depuis Lajes (Flores), Joan , Ronan, Didier, mais on se recroisera en bretagne avec leur famille ! et oui, ils voyagent ces bretons ;-)

« Et ils voguent vers différents ports, sur la vaste mer de l’être et chacun porté par l’instinct qui lui a été donné » Dante - Paradis

L’escale d’Horta aura duré 4 jours, et pas une journée de technique pour bichonner Ajimé…bon, c sûr avec toujours un verre à la main c’était pas simple ;-) mais également une météo de breton, et une marina surchargée (pas de place amarrée au quai, obligé de se mettre à couple d’un 3ème bateau, et d’enjambée le tout pour atteindre le quai, donc pas moyen de brancher l’eau, l’élec…)

entre 2 journées de pluies, j’ai pu laisser mon emprunte sur les quais, peignant le Ying et le yang d’Ajimé, avec les noms de l’équipage. Pas simple à trouver un emplacement de libre d’ailleurs !

Finalement, en dépit d’une météo pas très clémente, rafale à 30 nds sous grains fréquents, notre cap’tain a pris la décision de larguer les amarres le 28, car à trop attendre la météo reste au bistrot !
Cap sur Sao Miguel (une des îles les plus à l’est des açores) pour déposer des kimonos (cf son asso kimonossansfrontières sur google) et enfin s’occuper d’Ajimé.
Après 32h de nav pénible dans les canaux entre Pico, Sao Jorge, mer hachée, houles et vents débiles…on se fait brasser pour finir au moteur.

Arrivée le 29 à Punta Del Gada, marina déserte et bétonnée de Sao Miguel N 37°44’ – W 25°39’ après 24h de Perkins, fidèle moteur !
Journée de technique, mais la liste n’est pas si longue, ni complexe :
-Renforcer les jointes des arceaux du bimini (bâche nous protégeant du soleil)
-Vérifier bastaques, gréements en général
-Remplacer le ridoir perdu de l’étai largable (mission impossible, Sao Miguel est la capitale des acores mais 2 piti Ship sont présents et ne possèdent aucun équipement)
-Souder delphinière qui, au bout de 7 jours de près serrés, s’est en parti dessouder (pas eu le temps, pas grave, juste ne pas mettre les pieds dessus)
-Rail fargue à redresser (tordu par les palans d’écoute de GV)
-Vérifier drisse GV en tête de mât qui a tendance à raguer dans le réas
-Retoucher point de rouille…Ajimé ressemble de + en + à un bateau de romano
-Graisser joint hublot qui ne sont plus trop étanches (légères inondations par fortes mer)
-Nettoyage intérieur et extérieur
-Vérifier évant du réservoir de gasoil pour s’éviter une autre mauvaise surprise
-Refixer la table du carré (au changement d’amur, elle a valdinguée avec moi, me retrouvant la tête dans les cales, sur la table sorti de ses gongs)
-Vérifier le fameux presse étoupe !

Et voilou, ça nous a pris une journée à 3 à donf et à vos dico pour le vocabulaire technique !
Donc repos mérité le lendemain, nous voilà parti en titine louée à découvrir ce paradis…le même qu’à flores en moins sauvage, des vaches, des fleurs, des églises, des cratères où sommeil des lacs, des canards, des sources d’eaux chaudes, des côtes escarpés…

Puis appro de frais pour nos estomacs (du fromage, du fromage et du vin ! je ne comprends pas d’ailleurs pourquoi le fromage des açores n’est pas exporté, c un délice, et d’une variété ! hummmmmmmmmm) , et appro de gasoil pour Ajimé, et pleins d’eau
Prêt à appareiller….et panne d’irridium….cap sur le mini Cap Horn, Gibraltar !

PS : pour voir des photos, je vous invite sur kimonossansfrontieres (asso et site du bateau)
bizoutos